Léonce Dabi « J’ai été arrêté le 27 décembre 2019 par le Service de Recherches et d’Investigations (SRI) et relâché le 10 janvier 2020 dernier. J’apprécie le professionnalisme de cette institution et le degré d’humanisme de ses responsables et agents »
ENTRETIEN:
Léonce Dabi, président du mouvement «Union Pour l’Alternance», en abrégé «UPA» au site d’information linterview.info
Les prises de position de certains acteurs politiques ou acteurs de la société civile sur l’actualité politique ou contre le pouvoir leur coûte malheureusement des fois des arrêtestations.
Certains sont relâchés par la suite, par contre d’autres se retrouvent derrière les barreaux avec la casquette de prisonnier politique.
Léonce Dabi, président du mouvement «Union Pour l’Alternance», en abrégé «UPA», mouvement politique créé le 01 décembre 2019 et spécialement consacré à la question et aux solutions de l’alternance politique au Togo, fait partie de ceux qui ont une fois été éprouvés par cette expérience d’arrestation par le SRI.
Dans cet interview accordé à notre site linterview.info, spécialiste des interviews, l’homme nous raconte son histoire et les leçons qu’il a pu en tirer.
Lire l’interview👇👇👇
« J’ai été arrêté le 27 décembre 2019 par le Service de Recherches et d’Investigations (SRI) et relâché le 10 janvier 2020 dernier. J’apprécie le professionnalisme de cette institution et le degré d’humanisme de ses responsables et agent. »
-linterview.info: Bonjour Mr DABI
–DABI: Bonjour!
-linterwiew.info: Vous êtes le président du mouvement «Union Pour l’Alternance», en abrégé «UPA», mouvement politique créé le 01 décembre 2019 et spécialement consacré à la question et aux solutions de l’alternance politique au Togo. Selon des indiscrétions, vous seriez arrêté en décembre 2019 et seulement relâché en janvier dernier. Vrai ou faux?
–DABI: Les rumeurs parfois deviennent des réalités et les réalités parfois deviennent des clameurs. Effectivement, j’ai été arrêté le 27 décembre 2019 par le Service de Recherches et d’Investigations (SRI) et relâché le 10 janvier 2020. Jai ouï dire que l’institution répondrait dorénavant à la dénomination de Service Central de Recherches et d’Investigations Criminelles (SCRIC). Mais le chef de l’unité ayant mené l’assaut chez moi à domicile le jour de mon arrestation m’avait montré un mandat d’arrêt formulé à mon endroit qu’ils étaient du SRI. Je rend grâce de ce que j’ai pu retrouver ma liberté et que je peux comme tout citoyen librement vaquer à mes occupations.
-linterview.info: Que vous reproche-t-on exactement?
–DABI: Je l’ignore. Avant toute chose, je dois avouer que je suis un écrivain plus ou moins engagé et mes prises de position sur les réseaux sociaux vis à vis du pouvoir officiel sont des plus acerbes au regard des faits sociopolitiques de notre pays. De surcroit, en décembre 2019, comme vous le savez déjà, j’ai créé «l’Union Pour lAlternance» dont le but est de concilier tous les courants politiques de notre pays et tous les leaders de la scène politique togolaise autour de la question de l’alternance afin de trouver de façon consensuelle des solutions pacifiques à ce problème qui à ce jour a divisé le Togo qu’il ne l’a uni, ceci malheureusement au grand péril du peuple togolais.
J’ai été arrêté par le Service de Recherches et d’Investigations (SRI) et je pense que cela a été pour moi une expérience exceptionnelle, nonobsbsant les rumeurs du public au passif de cette unité d’élite au sein de notre armée nationale. Personne n’a revendiqué mon arrestation et je n’ai vraiment pas connu de plaignant derrière mon dossier. Je pense que c’était quand même légitime de la part du SRI d’enquêter sur ma personne et mon mouvement dont il ignorait sûrement des choses. Le SRI était légalement dans son rôle de garant de la sécurité et la sureté nationales!
-linterview.info: Quel a été le traitement durant votre détention?
–DABI: J’ai été bien nourris, bien logé et bien soigné. Bref, j’ai été bien entretenu. Ce n’est pas un hôtel cinq étoiles avec le grand confort, mais l’essentiel était prévu pour que l’être humain soit considéré comme tel. Je saisi l’occasion pour saluer les organisations de défense des droits de l’Homme pour les efforts qu’elles ne cessent d’entreprendre pour la dignité humaine et la justice sociale. Je pense que le Togo a beaucoup évolué dans l’univers de ses services de renseignement et nous devons avoir le courage de le dire. La plupart des agents de renseignement que j’ai eu à croiser dans les locaux du SRI durant mon séjour en détention préventive, sont des Hommes bien formés avec des bagages intellectuel consistants et qui maîtrisent parfaitement leur métier. Beaucoup parmi eux sont des gendarmes et les plus gradés sont des gens biens instruits avec un niveau de culture assez consistant, probablement formés en Europe, en Asie ou à l’étranger avec des compétences professionnelles remarquables. J’ai admiré la rigueur, l’harmonie et l’ordre qui règnent au sein de cette unité de l’armée consacrée aux renseignements. Les moins gradés sont tous autant professionnels et sont positivement influencés par la force de caractère et le sens du devoir caractérisant leurs supérieurs. Si j’avais connu à un âge plus jeune cette unité d’élite, je me serais engagé dans l’armée avec l’espoir de servir dans les renseignements.
Entre-temps je suis tombé malade, j’avais fais une crise au cours d’un après-midi et des soins diligentés m’avaient été administrés au dispensaire militaire situé dans la même enceinte que le SRI pour mon rétablissement. Des dépenses exorbitantes en vaccins et produits pharmaceutiques m’avaient été assurées par le SRI et j’avais rapidement retrouvé ma santé initiale. Cela m’a beaucoup surpris et positivement marqué, vu la réputation sulfureuse de cette institution dans la mentalité populaire de notre pays.
Je pense que le Togo évolue positivement sur certains plans précis et nous devons avoir le courage de le faire savoir à l’opinion nationale et internationale. Le public a le droit de savoir les changements positifs qui s’opèrent dans notre république en marche et nous devons avoir l’honnêteté morale et intellectuelle de louer ce qui semble louable et formuler des propositions constructives dans le sens de ce qui est susceptible d’être amélioré. Le SRI togolais est meilleur que la CIA américaine ou le KGB d’antan de l’Union Soviétique ! Le SRI d’aujourd’hui a beaucoup évolué par rapport au SRI d’hier. J’apprécie le professionnalisme de cette institution et le degré d’humanisme de ses responsables et agents.
–linterview.info: Que pensez-vous du public qui estime, vu vos dernières sorties médiatiques, que vous auriez rejoint le pouvoir au nom d’intérêts inavoués?
–DABI: Je trouve cela marrant! Il est vrai que beaucoup pensent que ma plume sur les réseaux sociaux et mon ton à travers des interwiews accordées en début de cette année à certains médias en ligne ont considérablement perdu leurs ardeurs de l’engagement dont on me connaissait. Cependant, qu’a cela tienne! En politique, le concours des circonstances est l’essentiel de la leçon à retenir face aux enjeux en cours et défis futurs. Éviter l’extrémisme par la vertu de tempérance permet de pouvoir s’adapter aux conditions versatiles des choses. Le devenir contraint l’immobilisme au mobilsme auquel ne peut se soustraire la stagnation consacrée. Je n’ai reçu aucune enveloppe d’argent auprès de qui que ce soit et je n’ai pris aucun engagement qui me contraint à servir le pouvoir officiel. J’agis dans le sens de la réconciliation pour l’unité nationale. Pour cela, je dois mettre de l’eau dans mon vin pour créer le climat de confiance ayant toujours manqué entre le pouvoir et l’opposition à ce jour. Pour y arriver, il faut avoir le courage de reconnaître et apprécier ce qui est louable à l’actif du pouvoir officiel. C’est un défi majeur et les enjeux sont de taille.
Nous devons faire beaucoup attention à nos propos et actions les uns envers les autres pour donner la chance à une alternance pacifique au nom de l’unité et la réconciliation nationales. Nous sommes en période électorale et c’est une période très sensible qui demande assez de modération des acteurs politiques et militants dans notre pays. Ce serait belliqueux de dire que le président sortant n’a rien fait durant ses trois mandats accomplis à la tête du pays, puisque ce sont des propos qui n’entretiennent pas la confiance et n’encouragent pas les facteurs nécessaires pour la réconciliation.
-linterview.info: Vous n’éprouvez aucun regret après votre arrestation?
–DABI: Le seul regret que je puisse ressentir demeure les conditions de mon arrestation. Je déplore avoir été interpelé dans des conditions similaires à l’arrestation du président Gbagbo en Côte-d’Ivoire. Je ne suis pas un gangster de grands chemins ni un terroriste recherché par interpole ou par la cour pénale internationale. Une simple convocation de la part des autorités judiciaires ou des forces de sécurité de notre pays aurait suffit pour que je comparaisse devant la loi. Après tout, je suis un justiciable conscient de ses droits et devoirs dans la société.
–linterview.info: Quels sont vos projets d’avenir en qualité de président de l’Union Pour l’alternance?
–DABI: Je pense qu’il est temps d’annoncer ma démission au poste de président de l’UPA dans les jours à venir. Je me suis fixé certains objectifs et j’avais pris certains engagements que je n’ai pas pu tenir. Alors, je dois céder ma place à un autre parce que j’ai échoué à la mission dont je me suis porté garant. Je ne vais pas quitter l’UPA après ma démission et l’UPA ne sera pas éteinte avec ma démission. Au contraire, je serai là pour conseiller mon remplaçant et l’assister dans sa nouvelle responsabilité de premier porte-flambeau du mouvement. En tant que leaders, nous devons donner la chance à d’autres de réussir là où nous aurions failli. C’est cela aussi le leadership et c’est cela aussi le sens de la responsabilité. L’art de diriger, c’est aussi l’art de démissionner après avoir reconnu ses possibilités et ses limites face au devoir. Je reconnais mes limites et je juge opportun de passer la main à un autre. Je souhaite bonne chance à mon successeur qui sera nommé à titre intérimaire pour conduire la transition jusqu’à l’Assemblée Générale Ordinaire de décembre 2020 pour l’élection d’un nouveau bureau de l’UPA. Quoi qu’il en soit, ma démission n’est pas motivée par mon arrestation.
–linterview.info: Merci Monsieur DABI!
–DABI : C’est moi qui vous remercie!
Interview réalisé par Narcisse Prince Agbodjan