Togo/Couvre-feu: La violence doit cesser !!

Yark Damehane « Il nous a été rapporté de plusieurs sources concordantes des cas de bavures et d’exactions commises par certains éléments des forces de défense et de sécurité appelés à faire respecter les décisions du gouvernement dont le couvre-feu »

Le Ministre de la sécurité et de la protection civile doit faire cesser ces comportements primitifs de ses éléments sur le terrain.


linterview.info avait déjà denoncé dans une de ses publications cette pratique des Forces de l’ordre. Mais elle continue.

Nos Confrères de courrierdafrique font une analyse de la situation. Lisez plutôt

La promesse est pourtant encore bien visible sur les murs des villes du pays et sur des géantes affiches qui trônent dans des grands carrefours. Pour la paix et la sécurité, le choix à faire, dans le contexte du scrutin présidentiel du 22 février dernier, était celui du candidat Faure Gnassingbé. Quarante jours plus tard, des Togolais souffrent encore dans leur chair et dans leur âme, bassement molestés par des forces de sécurité. Au nom d’un simple couvre-feu.

A-t-on besoin de dire que ce que des citoyens ont vécu dans les rues de Lomé, Tsevie et Sokodé est sans doute plus nuisible qu’une infection au Covid-19? Le Covid-19, on peut en guérir, il attaque le corps mais les violences gratuites des forces de sécurité atteignent les citoyens au plus profond de leur pathos, au plus intime de leur ontologique. Cette douleur est inoubliable. À ceux qui sont ainsi éprouvés, la promesse sus-evoquée n’est que du vent.

Violence d’État

L’un des échecs de Faure Gnassingbé depuis 2005, c’est bien la persistance de la violence d’État. En dépit de ses promesses renouvelées de modernisation de l’Etat togolais, c’est son incapacité à humaniser les pratiques des forces de défense et de sécurité.
Peut-on sensément comprendre en effet que des forces de sécurité se permettent de bastonner, de molester et de mutiler des citoyens pour le motif de les avoir surpris à une heure de couvre-feu ? “Au Togo, on violé les droits humains : les forces de l’ordre infligent des mauvais traitements aux citoyens. À chaque fois, les autorités promettent des enquêtes dont les résultats sont très rarement rendus publics. On assure l’opinion que “des sanctions sont prises” mais personne n’est jamais au courant de ces sanctions. Et le cycle de répète semaine après semaine, mois après mois, année après année. L’impunité continue. Ce n’est pas bon. Pas du tout”, a commenté, sur sa page Facebook, André Kangni Afanou, un défenseur des droits de l’homme.

“C’est de la violence gratuite, rien d’autre. Certains policiers et militaires togolais aiment trop montrer leurs muscles, même quand on n’en a pas besoin”, commente un autre défenseur des droits humains bien désabusé. “Ce qui est surprenant, c’est que cela ne change pas. On eût dit qu’il y a un module Terrorisme ou terreur dans la formation de ces forces de sécurité ” ajoute-t-il.

Justement, beaucoup ne comprennent pas pourquoi ces actes de violence gratuite sur les civils deviennent la norme au Togo. Sans que jamais aucun doigt, dans la hiérarchie, ne puisse se lever pour dire “Stop”. Cela suffit pour que certains analystes en tirent la conclusion que la violence est le soubassement du régime en place. “Je pende que Faure Gnassingbé doit travailler pour prouver le contraire “, conclut le défenseur des droits humains.

Pédagogie de la peur

Un contraste assez saisissant saute aux yeux dans ce pays. Dans les écoles et centres d’apprentissage, crise par l’argent des Scandinaves, l’État togolais a formellement interdit les châtiments corporels. L’instituteur, le prof ou le maître artisan qui ose frapper des apprenants tombe sous le coup de représailles justes. Dans le même temps, curieusement, les policiers, gendarmes et militaires se donnent à cœur joie aux violences physiques sur les citoyens.

Dans l’histoire du couvre-feu, des images et vidéos parlent déjà d’elles-mêmes. Sans doute que l’interdiction, maladroite, de la débrouillardise dénommée “zémidjan” révèlera-t-elle son lot de voies de fait. Cela ne surprendra personne dans le pays.
Mais alors, pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi des citoyens peuvent-ils être réduits à s’habituer au droit des forces de sécurité à les gifler, bastionner et pourchasser comme des souris?

C’est ce qu’on appelle la pédagogie de la peur. Imposer la terreur au peuple pour le contraindre à subir sans mot dire, voilà le mode d’emploi. De feu Gnassingbé Eyadema à Faure Gnassingbé, la logique ne change pas. La peur du gendarme qui n’a jamais été le commencement de la sagesse mais bien le développement de la clochardisation’ et de l’infantilisation, est toujours vivace dans la société togolaise. “Si tu fais ça, on va t’arreter”, ” Ce que tu dis là, tu peux reconnaître ta voix?”, “J’ai fait ça ainsi parce que je ne veux pas de problème”, voilà des déclarations dont la subsistance dans ce pays est une marque de déficit démocratique. Le contraire demeure un challenge.

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