Togo/Grogne dans les Universités publiques: Dodzi Kokoroko accusé de tenter d’éffacer une ardoise dont les fonds ont été débloqués

Ce n’est pas le grand amour entre le corps des Enseignements du Supérieur et l’administration de l’Université de Lomé. En Assemblée Générale le vendredi 18 novembre 2020, les professeurs ont manifesté leur indignation contre la campagne de désinformation organisée par le Président de l’Université Dodzi Komla Kokoroko et le Ministre de l’Enseignement Supérieur Ihou Wateba avec leur sortie médiatique de 26 novembre dernier.

Privés de salle pour leur AG par le Président de l’Université de Lomé, le Professeur Dodzi KOKORKO, les membres du Syndicat de l’Enseignement Supérieur du Togo (S’EST) se sont vus contraints de se réunir sous un arbre au sein de l’Université afin de planifier la stratégie à adopter pour rétablir la vérité sur ce qui a été dit sur les Enseignants du Supérieur.

Devant la presse, les deux Ministres ont estimé que les Enseignants du Supérieur sont bien payés et qu’ils ne comprennent pas leur agitation.

Sur la question, les enseignants estiment que tout dépend de celui qui parle et de celui qui est payé.

« Ce n’est pas nous qui définissons les salaires. C’est l’Etat qui les définit pour toutes les corporations. Si l’Etat a jugé nécessaire de nous payer ce salaire, nous ne pouvons pas estimer que nous sommes trop bien payés. Estimer que nous sommes trop bien payés c’est ne pas comprendre le rôle que joue le secteur de l’éducation dans la construction du tissu socio-professionnel, l’émergence économique et la stabilité politique de notre pays. A ce titre aucun sacrifice ne sera trop grand quand il s’agit de donner le meilleur au secteur de l’éducation pour garantir un meilleur avenir à la patrie. Ce serait d’ailleurs une erreur que de parler de salaire pour des gens qui œuvrent pour une mission d’utilité publique. Il conviendrait plutôt de parler de traitement car il s’agit là d’une reconnaissance honorifique que l’Etat accorde pour les services que nous rendons à la République » a répondu Dr Ayi Djifa HOUNSI, Enseignant-chercheur à la faculté des sciences, Secrétaire Général du SEST.

Les Enseignants du Supérieur ont déploré d’être traités de cupide par leurs responsables et dénoncé leur volonté de vouloir faire croire à l’opinion qu’ils réclament une augmentation de salaire.

« Je voudrais d’entrée de jeu dire et marteler que depuis 2012 jusqu’à aujourd’hui, aucun enseignant du Supérieur n’a réclamé une augmentation de salaire. Je le réitère et le martèle et je le dirai partout où besoin sera que nous n’avons demandé aucune augmentation de salaire. Cependant les velléités revendicatives observées par les enseignants-chercheurs depuis 2011 ont juste pour objectif de nous faire rentrer dans les droits qui nous ont été accordés depuis cette année-là. En effet, le 03 novembre 2011, on a signé un accord avec l’Etat togolais qui a créé le corps des Enseignants du Supérieur. En ce moment une grille qui définit un salaire pour les Enseignants du Supérieur a été adoptée. Il y a un gap important entre l’ancien salaire et le nouveau salaire défini par la grille. L’Etat avait dit ne pas avoir les moyens pour nous payer la totalité de cette différence dès 2012 et a opté pour un paiement échelonné palier par palier afin de parvenir à un paiement de salaire à taux plein avec le temps. Ce que nous avions accepté en enseignant responsable. Dans ce schéma, c’est erroné de venir dire aujourd’hui que les enseignants du supérieur réclament une augmentation de salaire. Nous n’avons jamais demandé une augmentation de salaire depuis 2012 jusqu’à maintenant. Ce que nous demandons aujourd’hui est que l’accord de 2019 qui a complété celui du 3 novembre 2011 soit intégralement mis en œuvre. En effet en 2019 l’Etat devait au titre de l’accord du 3 Novembre 2011 une régularisation de 15% sur les salaires de base et 25% sur les primes et indemnités. Le montant pour solder ce reliquat sur les douze (12) mois de l’année 2019 s’élevait à un milliard cent onze millions environ. L’Etat s’est engagé aux termes d’un processus de négociation en août 2019 à liquider ce montant en deux tranches. Une avant la fin de 2019 et la deuxième courant 2020. Ce qui a été fait et nous tenons à dire une fois encore nos remerciements à l’Etat pour son engagement à donner le meilleur au secteur de l’éducation. Aujourd’hui ce que nous réclamons est que les deux tranches versées par l’Etat soient entièrement redistribuées par les responsables des Universités publiques du Togo aux Enseignants. C’est la pomme de discorde entre l’administration Universitaire et nous. Il s’agit d’une demande de paiement des arriérées que le Président KOKOROKO reconnait bien devoir aux enseignants à travers les différents courriers qu’il a adressés aux syndicats et aussi aux autorités gouvernementales. Venir aujourd’hui à nier l’existence de ces arriérées est simplement incompréhensible et inadmissible pour nous » a expliqué le Secrétaire Général du Syndicat de l’Enseignement Supérieur du Togo, Dr Ayi Djifa HOUNSI.

Le SEST dit ne pas comprendre la position de l’administration de l’Université de Lomé qui s’interdit de lui reverser cette somme en intégralité. A ce jour, sur les douze mois de revalorisation salariale au titre de l’année 2019 les Universités publiques du Togo n’auraient payé que deux mois (novembre et décembre 2019). Ce seraient donc les dix mois d’arriérés au titre de l’année 2019 que réclament les enseignants du supérieur. A travers une lettre ouverte publié le 15 décembre 2020, le SEST semble poser des interrogations : Comment transformer une demande légitime de réclamation de paiement des arriérées en une demande d’augmentation de salaire et s’en servir comme argument pour aller diffuser les salaires des enseignants dans les médias dans l’intention de les rendre cupide? Comment transformer une demande légitime de réclamation de paiement des arriérées en une demande d’augmentation de salaire et s’en servir comme argument pour vouloir étouffer l’élite intellectuelle par la puissance publique? Comment transformer une demande légitime de réclamation de paiement des arriérées en une demande d’augmentation de salaire et s’en servir comme argument pour venir infantiliser les enseignants-chercheurs dans une réunion dite de mise au point et de concertation?
Que gagnent les autorités universitaires dans ces manœuvres de dénigrement de leur propre corporation? Et pourtant ils ont eu à bénéficier de ces avantages et leurs attitudes nouvelles seraient justifiées par leur position actuelle, indique le syndicat dans sa lettre ouverte.
Pour le SEST, rien ne saurait justifier qu’on essaie d’effacer une ardoise pour laquelle des fonds ont été débloqués, sauf si les intentions réelles se trouvent dans des éléments que les enseignants-chercheurs ne voudraient même pas envisager.

Selon les conclusions de l’Assemblée générale, une campagne de vérité viendra en réponse à cette désinformation à laquelle se sont livrés les deux premiers responsables suite aux divergences survenus à cause de leurs refus de s’assujettir au respect du principe des droits acquis.

NPA

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