Togo/ « La dictature n’est pas une fatalité » Nathaniel Olympio
Le parti des Togolais a invectivé lundi le pouvoir de Lomé. Pour Nathaniel Olympio, c’est la ditacture qui accentue sa marche au Togo. Il a condamné avec énergie les propos tenus par la Cheffe du gouvernement devant les députés qui témoigne pour lui, de la violence qui caracterise le régime. Nathaniel regrette également le déroulement de la CNAP, un dialogue qui, selon lui, vient s’ajouter à la longue liste, une trentaine depuis 1990, et n’apporte pas de solution aux préoccupations des Togolais.
Conférence de presse du 18 Octobre 2021
Siège du Parti des Togolais
Déclaration liminaire
Le vendredi 1er octobre dernier, l’Assemblée nationale togolaise a adopté trois projets de loi portant respectivement sur :
la révision du code électoral,
la décentralisation et les libertés locales
et les manifestations publiques pacifiques.
Il s’agit là du vote des recommandations formulées par la Concertation nationale entre acteurs politiques
(CNAP) regroupant le parti au pouvoir et des partis de l’opposition. Initié par le
gouvernement, c’est un dialogue qui vient s’ajouter à la longue liste, une trentaine depuis 1990, et n’apporte pas de solution aux préoccupations des Togolais.
Dans l’exposé des motifs, la cheffe du gouvernement a déclaré que « les trois projets du gouvernement répondent concrètement aux besoins exprimés par les acteurs politiques. »
Elle reconnait ainsi que l’objectif du gouvernement n’est pas de répondre
concrètement aux besoins de la population togolaise mais aux « besoins exprimés par la classe politique ». Les besoins de la classe politiques sont d’ordre électoral, et l’élection, dans les conditions actuelles, n’est qu’un enjeu de pouvoir. Les luttes de pouvoir n’intéressent pas les Togolais en ce moment.
Ce qui intéresse les Togolais :
C’est le problème de la vie chère.
C’est le problème de la rentrée scolaire et de la politique de santé publique.
C’est le problème de liberté, de droits humains et de démocratie.
Sur les questions de liberté et de démocratie, le recul est frappant.
Autant en 2015 l’ambition du pouvoir a conduit des candidats de l’opposition à faire consensus avec le chef de l’Etat candidat, autour d’un fichier électoral non fiable, autant en 2021 cette même ambition du pouvoir nourrit un consensus entre le parti au pouvoir et des partis de l’opposition pour adopter des lois
consacrant un recul de la démocratie.
Ce recul majeur de la démocratie, fait sournoisement passer la loi sur les manifestations publiques pacifiques, d’un régime de déclaration à un régime d’autorisation. Puisque désormais, le ministre d’Etat en charge de l’administration territoriale, de la décentralisation et du développement des territoires « fait connaître ses instructions ». Pire encore, « les organisateurs sont tenus de respecter les observations formulées par l’autorité administrative compétente. ». C’est la dictature qui accentue sa marche !
Les recommandations de la CNAP indiquent également que pour les sénateurs, seuls les 2/3 seront élus, le 1/3 restant sera nommé par le chef de l’Etat. Elles indiquent également que les inscriptions sur les
listes électorales se feront avec un acte de naissance. Ces pratiques sont contraires à la démocratie.
Est-ce possible qu’avec tous ces reculs de la démocratie, des partis de l’opposition défendent qu’il s’agit plutôt d’avancées pour la démocratie ? C’est pourtant ce que nous constatons.
Le Parti des Togolais observe que parmi toutes les propositions de cette fameuse concertation, le gouvernement a jugé plus urgent de préparer des élections régionales plutôt que des audiences foraines en vue de délivrer gratuitement des actes de naissance, des certificats de nationalité puis des cartes nationales d’identité aux Togolais.
Rappelons que près de 9 Togolais sur 10 n’ont pas de carte nationale d’identité et sont donc apatrides dans leur propre pays.
Depuis 2019, le Parti des Togolais se bat sur les sujets d’acte de naissance et de carte nationale d’identité.
Le Parti des Togolais continuera cette lutte sans discontinuer, jusqu’à ce que les Togolais soient dotés d’une carte d’identité.
L’actualité nous amène aussi à condamner avec énergie les propos tenus par la cheffe du gouvernement devant les députés. Elle proclame que la politique du régime qu’elle incarne est celle qui consiste à
« commencer à faire peur » aux Togolais. Cela témoigne de la violence qui caractérise ce régime. Avec
une politique de la peur affirmée et revendiquée au plus haut niveau, le régime a atteint le sommet de la
défaillance de l’Etat dans son rôle de protection des citoyens.
On comprend donc pourquoi le gouvernement n’exprime aucune condamnation quand un employeur
exige que les salariés se mettent à genou pour demander pardon avant de retrouver un emploi. Le Parti des Togolais condamne cette pratique de la société Mèche Amina.
Tout ceci nous rappelle que le Togo reste englué dans une crise multiforme, politique, sociale et même
morale. L’échec de cet énième dialogue le confirme et nous impose un sursaut.
Si l’on ne veut pas être surpris par une situation extrême, très prévisible au demeurant, il incombe au régime de trouver le courage de lancer le chantier d’une transition qui débouchera sur la démocratie. C’est la voie de la raison.
Ignorer la voie de la raison conduira inéluctablement le pays vers l’autre voie, celle de la force brute.
Les Togolais sont résolus à mettre un terme à la perpétuelle crise que connaît le Togo depuis une cinquante d’années.
La dictature n’est pas une fatalité. Elle peut être contenue, repoussée et dégagée de notre espace commun.
Le régime togolais doit savoir que le Togo n’est pas situé sur la planète Mars. Ce qui se passe ailleurs dans la sous-région peut parfaitement se dérouler au Togo. La peur que l’on inflige aux Togolais peut
aussi changer de camp.
Le Parti des Togolais remercie le peuple pour sa résistance et l’appelle à être vigilant et prêt à répondre à la mobilisation générale dans une lutte citoyenne.
Gamesu
Je vous remercie.