Média/ 2021, une année plus sombre en terme de liberté de presse, selon le PPT

Le débat sur la santé de la liberté de presse au Togo se poursuit. Devant ses pairs lundi, le Patronat de la Presse Togolaise (PPT) a dressé le baromètre de la liberté de presse au Togo au titre de 2021. Il a également été question pour cette organisation de presse de faire le plaidoyer pour l’abrogation des peines privatives de liberté contenues dans le Code de la presse révisé le 07 janvier 2020. Il faut juste retenir dire que l’année 2021 a été malheureusement marquée par des événements et décisions qui mettent à mal l’exercice du métier de journalisme au Togo. Les acteurs craignent d’assister dangereusement à un muselement programmé de la presse critique.

Le PPT a fait un état des lieux de la presse au Togo au titre de 2021 ce lundi 17 janvier 2022 devant la presse nationale et internationale.

Le baromètre rendu public par cette organisation de presse, l’une des plus offensives au Togo, fait état d’une année 2021 la plus sombre de l’ère démocratique en terme de liberté de presse dans le pays de Faure Gnassingbé.

Suspension de parutions des journaux, retrait de récépissé, arrestation des journalistes, mise en écoute et espionnage des journalistes notamment au moyen du logiciel PEGASUS, inculpation et emprisonnement des journalistes pour délit de presse sont autant d’événements qui ont rendu le tableau sombre.

La conséquence immédiate est l’autocensure activée par bon nombre de médias, indique ce baromètre de la liberté de presse.

Dans ce document l’organisation revient sur plus d’une dizaine de faits qui ont mis en difficulté la liberté de presse au Togo. Les plus expressifs sont entre autre:

-Le 26 janvier 2021, retrait du récépissé à l’hebdomadaire « l’indépendant Express » dans l’affaire « Scoop de fin d’année: Femmes ministres interpellées pour vol de cuillère dorées ».

-Le 03 janvier 2021, arrestation de 03 journalistes dans les locaux de la Préfecture du Golfe pour avoir interviewé un Chef de quartier de Lomé à la sortie d’une audience avec le Préfet d’alors. Les journalistes Charle Kponwadan, Anani Vidzrakou, Romuald Lansou, ont été soumis à plus de 3h d’interrogation à la Brigade territoriale de la Gendarmerie nationale puis relâchés après avoir supprimé leurs enregistrements.

-16 septembre 2021, condamnation du journaliste Ferdinand Ayité à une amende de 4 millions de FCFA dans l’affaire pétrolegate.

-10 décembre 2021, Ferdinand Ayité et Joël Egah sont placés sous mandat de dépôt et détenus à la Brigade des Recherches et d’Investigation (BRI) avant d’être déférés à la prison civile de Lomé. Le journaliste Isidore Kouwonou, lui, placé sous contrôle judiciaire.

Face à ce tableau sombre, craignant d’assister dangereusement à un muselement de la presse critique au Togo, le PPT fait un plaidoyer pour l’abrogation des peines privatives de liberté contenues dans le code de la presse.

Face à la mésaventure des journalistes Ferdinand Ayité, Joël et Isidore Kouwonou, inculpés pour des opinions exprimées dans une émission consacrée à la décision des autorités de conditionner l’accès aux lieux de culte à la présentation du pass vaccinal ou d’un test PCR négatif, le Patronat de la Presse Togolaise maintient sa position et estime que le griefs portés contre les journalistes dans l’exercice de leur profession doivent être appréciés au regard des dispositions du code de la presse et non du Code pénal, conformément au principe sacrosaint du droit selon lequel « La loi particulière prime sur la loi générale ».

Pour le PPT, s’obstiner à appliquer aux journalistes critiques du pouvoir le Code pénal, en vue de faciliter leur détention, fait craindre un retour aux heures les plus sombres de la presse togolaise.

Une piqûre de rappel sur l’adoption du Code pénal en 2015 figure dans ce baromètre.

Parlant de plaidoyer et de lobbying pour assainir le cadre légal défavorable à l’encrage de la liberté de presse au Togo, le PPT a relevé :

-Les peines privatives:

Selon lui, le nouveau Code de la presse et de la communication qui intègre désormais la régulation de la Presse en ligne, comporte des dispositions aux antipodes de la dépénalisation des délits de presse.

-Les lourdes peines d’amende: Contrairement à l’ancien Code de la presse et de la Communication, le nouveau prévoit de lourdes peines d’amende pour les délits de presse, à hauteur de 2,3 voire 5 millions de francs CFA.

Le baromètre a touché également la détaxation des intrants d’imprimerie, des matériels de production et diffusion médiatique et a fait un appel.

Le PPT estime que seul l’assainissement du cadre légal permettra l’encrage de la liberté de presse et l’émergence d’une presse libre et responsable au Togo.

L’organisation rappelle qu’il y a pas de liberté sans responsabilité. Ainsi, donc, elle convie les journalistes à une autocritique sincère, à plus de professionnalisme pour éviter les soubresauts et zones de turbulence que les journalistes ont traversé en 2021.FIN

NPA

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