Élections du 13 avril : L’ANC dénonce mais mouillera le maillot

Pour l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), le gouvernement n’a pas fixé de manière claire la date du scrutin. Le chronogramme du processus électoral non plus n’a été rendu public. Une stratégie du pouvoir pour empêcher les acteurs politiques à trouver leur marque avant ces élections couplées. Jean Pierre Fabre dénonce des dysfonctionnements.

Le parti politique togolais ANC (Alliance Nationale pour le Changement) a confirmé au cours d’une rencontre avec la presse sa participation au double scrutin législatif et régional prévu le 13 avril 2024 au Togo. Cependant, le parti de l’opposition a également exprimé ses préoccupations concernant certains dysfonctionnements du processus électoral en cours.

Dans sa déclaration liminaire, l’ANC a évoqué entre autres insuffisances, le nouveau découpage électoral ; l’opacité du processus électoral ; la fixation du cautionnement des législatives ; et la participation du parti aux prochaines élections.

Le découpage électoral de 2024

Lors de la conférence de presse de ce matin, l’ANC a vivement critiqué le nouveau découpage électoral effectué par le gouvernement togolais. Selon l’ANC, ce découpage a été réalisé de manière unilatérale, sans concertation avec la classe politique et en violation de la Constitution et du Code Electoral en vigueur. L’ANC exprime son désaccord total avec cette décision, la qualifiant d’antirépublicaine et anticonstitutionnelle.

Le bureau national du parti orange souligne que cela creuse davantage les inégalités entre les Togolais au lieu de les corriger. L’ANC dénonce également le régime en place pour avoir une fois de plus adopté une répartition arbitraire des sièges des députés dans le but de servir ses intérêts partisans.

D’après les réponsables de l’ANC, les disparités existantes dans l’ancien découpage relatives au poids de représentativité de chaque député à l’Assemblée nationale selon la région de provenance persistent.

À titre d’exemple, « la Région Maritime essentiellement et les préfectures du Golfe, d’Agoè-nyivé et de Zio en particulier, demeurent, comme toujours, les collectivités les plus sévèrement lésées et discriminées dans la nouvelle répartition des sièges de député ; De plus, la Région Maritime qui rassemble 44% de la population totale est créditée de 31 sièges de député, ce qui donne un quotient de représentation qui s’établit a 114.031 habitants par député, soit presque le double du quotient national. Par contre, toute la Région de la Kara, 12% de la population nationale, se voit octroyer 19 sièges de député alors que la seule Préfecture du Golfe, 16% de la population nationale est créditée de seulement 8 sièges de député ; etc », a expliqué le porte-parole de l’ANC, Eric Dupuy soulignant que le nouveau découpage gouvernemental ne règle en rien les préoccupations exprimées par l’ANC concernant les inégalités dans la représentativité des députés.

En effet, l’ANC estime qu’il ne s’agit pas d’augmenter le nombre des députés de 91 à 113 mais de veiller à ce que dans chaque région et dans chaque circonscription électorale, chaque député représente le même nombre d’habitants. Autrement dit, il s’agit de supprimer les discriminations actuelles en veillant à l’égalité du poids des députés au sein de la représentation nationale.

Fixation du cautionnement pour les législatives

Le décret portant sur les cautions des candidats a été voté par l’exécutif au conseil des ministres le jeudi 8 février 2024. Il en ressort que pour les élections législatives et régionales de 2024, le montant du cautionnement est fixé à cinq cent mille (500.000) francs CFA pour les candidats et de deux cent cinquante mille (250.000) francs pour les candidates, soit une augmentation de 150% sur le cautionnement lors des précédentes législatives (200.000 FCFA).

Se prononçant sur la question, l’ANC déplore le fait que le gouvernement n’ait pas consulté les acteurs de la classe politique, malgré son manque de légalité et de légitimité en raison de la fin du mandat de l’actuelle Assemblée nationale.

Pour l’Alliance Nationale pour le Changement, cette décision est regrettable, car elle ignore la situation socio-économique difficile des citoyens togolais. Ses leaders estiment que le montant prohibitif du cautionnement vise à empêcher les Togolais d’être candidats, réservant ainsi ce droit à une minorité clairement identifiée par le chef de l’État. L’ANC appelle donc au bon sens et à l’esprit républicain du gouvernement et de la classe politique pour fixer consensuellement un montant raisonnable pour les prochaines élections.

L’opacité du processus électoral

Le point 3 soulevé lors de la conférence de presse de l’ANC est relatif à l’opacité du processus électoral. L’ANC critique le gouvernement pour son incapacité à organiser les élections législatives de manière transparente et consensuelle malgré les 5 années qui lui ont été données.

Selon l’Alliance, l’exécutif n’a pas fixé de manière claire la date du scrutin et n’a pas publié de chronogramme du processus électoral, ce qui a empêché les acteurs politiques de se préparer correctement. De plus, le pouvoir RPT/UNIR semble précipiter les étapes et fixer des délais qui ne laissent pas suffisamment de temps aux partis politiques pour s’organiser. L’ANC souligne également que le dépôt des candidatures doit se faire dans un délai très court, ce qui ajoute à l’inquiétude quant à la transparence du processus.

L’ANC à l’assaut des sièges parlementaires et régionaux

« Oui, nous allons participer aux prochaines élections législatives et régionales et l’ANC sera représentée dans toutes les circonscriptions électorales », a promis le président national du parti, Jean-Pierre Fabre.

L’ANC, principal parti d’opposition, a décidé de participer aux prochaines élections législatives et régionales après avoir boycotté les élections législatives de décembre 2018 en raison d’irrégularités. Le parti espère ainsi reconquérir des sièges au Parlement et dans les régions. C’est un retour marquant de l’ANC sur la scène politique. On peut donc s’attendre à une compétition politique intéressante dans les prochains mois au Togo. Fin

Yvette SOSSOU

        

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