Crise à l’Université de Lomé: Le SEST situe l’opinion

Dans une lettre ouverte, le Syndicat de l’Enseignement Supérieur du Togo (SEST) a rappelé que depuis quelques semaines, l’Université de Lomé connait un regain de tension sur fond de revendications adressées aux responsables de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ; mais contrairement aux interprétations ou impressions que tentent de donner certains perturbateurs, ces revendications ne sont que l’expression des situations restées sans suite depuis quelques années.

Afin de mieux expliquer le feuilleton UL aux Togolais, le SEST a choisi de faire un détour historique.

« Dans quel contexte le Professeur KOKOROKO Dodzi a-t-il été démis de ses fonctions et pourquoi a-t-il été remplacé par le Professeur KPODAR en qualité de Président de l’Université de Lomé ?Il nous souvient déjà qu’en date du 15 décembre 2020, le SEST, après maintes démarches infructueuses menées auprès de l’administration universitaire sous la Présidence du Professeur KOKOROKO, avait diffusé une lettre ouverte sur les dérives entachant la mise en œuvre de l’accord du 06 août 2019 entre le Gouvernement et les syndicats de l’Enseignement Supérieur. Malheureusement, au lieu de se raviser, le Président de l’UL sortant a préféré opposer à l’ensemble de la Communauté universitaire, une gestion répressive de toute contradiction et revendication fussent-elles légitimes. Dirigeant ainsi d’une main de fer, son système managérial directif et autoritaire était devenu carrément autoritariste parce qu’il entamait les dispositions réglementaires et légales, violait les libertés individuelles et publiques et malheureusement s’éloignait de l’éthique qui est l’âme et l’essence même des universités. Cet autoritarisme, dont il en a fait sa marque de fabrique, approuvé, soutenu et maintenu avec la bénédiction du Professeur Majesté Ihou WATEBA, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, a finalement atteint son point critique en 2023, lorsqu’il s’est vu saluer par le Chef de l’État et honorablement remplacé par le Professeur Adama KPODAR », lit-on dans sa lettre ouverte.

Un détour historique, qui selon le SEST, semble important parce qu’il permet de circonscrire en amont, les tenants du mécontentement grandissant dans les UPT, et en aval, les aboutissants d’une gestion administrative, selon ce syndicat , autoritariste ; ceci afin de mettre en garde tous ceux qui ont le goût de l’absolutisme, du césarisme et de la violence comme style managérial.

Et d’ajouter que: « Il existe un Ministre devenu légendaire ; légendaire parce qu’il se démarque parfaitement de ses prédécesseurs qui faisaient toujours prévaloir le dialogue qui est gage de stabilité ; légendaire parce qu’il risque d’entrer sobrement dans l’histoire dès lors qu’il continue de faire à ses pairs, ce que jadis lui-même n’aurait admis. Nous avons beaucoup de griots qui se font les grands connaisseurs et éminents professeurs spécialisés dans la manipulation, la distorsion de l’information et la délation mensongère ; ainsi convient-il à chacun de rester vigilant pour ne plus avancer dans l’impasse. C’est trop facile de vouloir porter les conséquences désastreuses d’une gestion calamiteuse à quelqu’un d’autre pour qu’il en fasse les frais, alors même qu’il a été investi de la confiance des plus hautes autorités de l’État pour restaurer l’ordre dans le chaos organisé par le réseau de son prédécesseur ».

Pour le SEST, c’est trop facile de vouloir porter les conséquences désastreuses d’une gestion calamiteuse à quelqu’un d’autre pour qu’il en fasse les frais, alors même qu’il a été investi de la confiance des plus hautes autorités de l’État pour restaurer l’ordre dans le chaos organisé par le réseau de son prédécesseur.

« Les mesquineries qui ont été fomentées pour nuire à l’image du SEST et à la réputation de ses responsables sont connues ; et triste est de constater, qu’au lieu de faire preuve de lucidité et de bonne volonté pour accompagner le processus de conciliation qui a été amorcé sous l’impulsion du Président de la République, les gens continuent de verser dans le vampirisme et l’ignominie pour mettre en difficulté les nouvelles administrations universitaires, usant de manœuvre pour (politiser l’affaire ) comme ils aiment à le dire. C’est pathétique et vraiment regrettable qu’avec ce degré d’intelligence, on se réduise à ce niveau de bassesse », a regretté cette organisation des enseignants.

Le SEST interpelle dès lors le Président Adama KPODAR à rectifier rapidement le tir pour se départir des menaces, pressions et autres stratégies de musèlement de l’opinion qui ne lui seront que défavorables. Ainsi, le Syndicat, comptant sur sa sagesse, l’invite à faire preuve de retenue en vue de prioriser le dialogue et une démarche consensuelle pour que l’UL sorte définitivement des crises qui ne font que ralentir son dynamisme et compromettre la vision des autorités étatiques en matière d’éducation.

« Notre démarche s’inscrit dans une dynamique patriotique et s’attache à notre volonté de contribuer à l’émergence d’un cadre d’enseignement et de recherche apaisé et épanouissant dans les Universités Publiques du Togo. C’est donc en prenant la mesure de la chose qu’il nous parait également important de relever la bestialité avec laquelle le SEST a été frappé lorsqu’il tentait d’attirer l’attention des autorités de l’enseignement supérieur sur la question des 5 et 10 % de revalorisation de la valeur indiciaire de même que la restitution des 4 mois de revalorisation salariale, qui émaillent toujours l’actualité dans les UPT et particulièrement à l’UL. Au regard de ces entraves, le ras-le-bol était déjà évident et manifeste ; ainsi cette situation ne pouvait prospérer longtemps. C’est dans ce contexte délétère que le SEST, tirant à maintes reprises la sonnette d’alarme pour éviter que la crise ne déborde, s’est vu flécher et violemment agressé dans le but de l’anéantir », précise cette entité.

Le SEST martèle que si la crise universitaire perdure actuellement, c’est aussi en partie à cause de l’inaction de Madame le Premier Ministre Victoire TOMEGAH-DOGBE qui n’a pas voulu y accorder une attention particulière malgré nos multiples tentatives pour la faire réagir.

« La Cheffe du Gouvernement avait été régulièrement interpellée et saisie du contexte qui prévaut dans les UPT ; cependant, elle a donné l’impression d’ignorer tout ce que nous lui avons remonté sur les dérives autoritaires de ses collaborateurs de l’enseignement supérieur qui se plaisaient à prendre des décisions abusives à l’encontre des Enseignants du Supérieur ; ceci dans une volonté de les museler et mettre au pas tous ceux qui voulaient simplement exprimer les distorsions administratives qui étaient monnaie courante.Le silence apparent du Premier Ministre et de ses collaborateurs a été préjudiciable pour l’UL et défavorable pour le retour à la stabilité et à la sérénité au sein de notre noble institution ; mais au-delà, cette politique de l’autruche sûrement contre-productive parait contraire aux promesses du Chef de l’État d’améliorer les conditions de vie et de travail des agents du secteur public », a déploré ce syndicat.

« Nous déplorons tous le fait que le Professeur Adama KPODAR ait hérité d’un passif dont il n’est ni tributaire ni redevable, mais pour lequel il a tout de même l’obligation de trouver une solution compte tenu du principe de la continuité du service public. Le Président de l’UL a reçu une braise chaude dans les paumes de la main et malheureusement encore, il est assis sur une poudrière ; il importe alors que les moyens adéquats lui soient donnés pour désamorcer la crise. Nonobstant toute la bonne volonté dont il pourrait faire montre pour restaurer la stabilité à l’UL, il aura sans nul doute besoin d’interlocuteurs crédibles et responsables aussi bien au niveau de sa hiérarchie, que dans le camp des administrés que nous sommes » a-t-il porté comme regret.

Fidèle à ses idéaux, le SEST appelle tous ses membres et sympathisants, de même que l’ensemble de la Communauté universitaire à faire preuve de calme et de retenue, en priorisant la voie du dialogue avec l’administration universitaire afin de juguler définitivement le climat délétère dans lequel nous ont plongés leurs prédécesseurs.

Sommes toutes, Les Enseignants du Supérieur exigent le départ simple du ministre Majesté Ihou WATEBA, et un changement de vision du ministère de l’Enseignement Supérieur. Fin

la rédaction

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