Togo: Les producteurs de coton en colère

Ils exigent le départ du Togo du Groupe OLAM du géant singapourien.

C’est l’information portée à la presse ce samedi 08 juin 2024 par la Fédération Nationale des Groupements de Producteurs de Coton (FNGPC).

Les producteurs de coton manifestent leur mécontentement dénonçant une crise de confiance entre eux et le Groupe OLAM et un abus de pouvoir.

Selon eux, le Groupe OLAM est hostile aux réunions les impliquant depuis son arrivée. Seulement deux réunions à son actif. La FNGPC dénonce un nombre d’anomalies dans la gestion du coton par ce Groupe.

« Avant l’arrivée du Groupe, il existait un Comité composé de producteurs, de l’Etat et de l’ensemble des actionnaires qui vérifie quand la date du prix de vente du coton fibre est le plus élevé possible. Et c’est ensemble que la date de la vente est fixée. A l’arrivée du Groupe OLAM, ce comité a été dissout. OLAM est seule à avoir l’exclusivité de l’achat du coton grain et au moment de la vente du coton fibre, le Groupe par ses filiales rachète la fibre pour revendre seul. Le Groupe OLAM a droit d’acheter jusqu’à 60% de coton fibre par droit de veto de toute la fibre produite et les 40% restants peuvent être laissés aux autres fournisseurs. C’est encore OLAM qui les vend », dénonce Kouroufei Koussouwe, PCA FNGPC.

Pour l’octroi des marchés de l’intrant, la FNGPC a expliqué qu’hier les producteurs commandaient les intrants par la Fédération . Mais aujourd’hui, c’est le Groupe OLAM qui a l’exclusivité des acquisitions des intrants. Les producteurs ont confié ne plus maîtriser le processus des marchés publics. Selon eux, le Groupe OLAM fait postuler ses sociétés filiales à qui il attribue les marchés. Cette année 2024, c’est le Groupe OLAM-Agri qui a vendu les engrais par les normes qui sont les leurs et qui impose les prix sur le marché.

Les producteurs dénoncent la carte de manipulation dont le Groupe OLAM fait preuve depuis quelques jours en faisant publier de faux chiffres dans les médias.

En effet, la FNGPC a une double relation avec la NSCT. La première est le partenariat pour produire et vendre le coton grain. La seconde fait de la FNGPC un actionnaire de 25% des actions de la société cotonnière composée de OLAM Internationale, la filiale OLAM-Agri, actionnaire à hauteur de 51% et l’Etat togolais, actionnaire à 24%. A la fin de chaque exercice, la FNGPC attend de percevoir des dividendes sur les bénéfices réalisés.

« Depuis l’arrivée du Groupe OLAM en 2020, il ne nous a versé aucun dividende. Nous parlons ici de 14 milliards de dette que le Groupe doit verser. Aujourd’hui, il tente de le mettre sur le dos des producteurs et l’Etat togolais. Depuis qu’ils sont arrivés, ils se sont octroyés de gros salaires ce qui fait qu’ils n’ont plus de bénéfices à la fin de l’exercice. Le problème de la dette vient également d’une mauvaise vente des fibres. Le rendement fibre est lorsqu’on met les cotons grains dans les usines. Ces dernières années, le taux de coton fibre qui est sorti par rapport à 1kg est amélioré et a fait atteindre 44%. Ce taux est mis dans le mécanisme de fixation de prix. Le Groupe OLAM refuse d’utiliser le taux de 44% pour calculer le prix d’achat du coton grain aux producteurs. C’est la raison pour laquelle, le prix tourne actuellement autour de 274F le kg. Quant aux prix de vente de la graine de coton, le Groupe le vend à 185F le Kg alors qu’il continue d’utiliser 70F le Kg qui était dans l’ancien système. Le prix normal doit aller au moins à 310F le Kg pour cette année, ce qui n’est pas le cas », a déploré le FNGPC.

L’une des missions du Groupe OLAM est d’augmenter le rendement de la production du coton au Togo. Pour les producteurs, cette entité a échoué. Elle publie des chiffres de rendements et les modifie par caprice quand les objectifs ne sont pas atteints.

La FNGPC constate une grande démotivation des producteurs au Togo. Hier au nombre de 153 000, aujourd’hui, les producteurs de coton s’élèvent à 83 000.

Au vu tout ce qui précède, les producteurs de coton exigent le départ du Groupe OLAM du Togo et demandent à traiter directement avec l’Etat.

S’ils doivent continuer avec le Groupe OLAM, ces producteurs exigent la mise en place de l’interprofession avec un Secrétaire permanent de l’Etat, la nomination d’un Directeur opérationnel entouré de plusieurs techniciens, la création d’un fonds de soutien de la filière de coton qui doit venir des bailleurs et du coton même, la mise en place d’un comité de régulation de la filière cotonnière et d’un Comité de gestion, la nomination d’un Directeur général togolais à la tête du Groupe OLAM par l’Etat, de même que d’un Directeur logistique de nationalité togolaise, tous hommes de terrain.

Affaire a suivre.

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