La DMP tient sa première conférence de presse

En tant qu’acteurs politiques responsables, conscients de sa redevabilité envers les togolais, cette entité a fait, ce vendredi 10 janvier 2025, un bilan lucide de la situation sociale, politique, économique et des droits humains, ainsi que du combat mené au cours de l’année 2024 qui vient de s’écouler.

Selon la DMP, l’année 2024 a été marquée par des événements tragiques qui loin d’ébranler sa détermination l’ont renforcé en vue de poursuivre le combat commun pour la libération du Togo. Elle a rendu un hommage mérité aux illustres disparus.

« Le 9 janvier, Monseigneur Philippe Fanoko Kossi KPODZRO, archevêque émérite de Lomé, notre patriarche et source d’inspiration dans la phase de lutte qui a précédé l’élection présidentielle de 2020, s’est éteint en exil à l’âge de 93 ans.
Peu après, le 3 mars, Docteur Gabriel Messan Agbéyomé KODJO, président élu en 2020, mais contraint à l’exil, nous quittait à Téma à l’âge de 70 ans. Ces pertes inattendues, suivies de celles d’autres acteurs politiques, ont laissé un vide immense dans notre combat collectif pour un Togo libre, souverain, démocratique et prospère. La DMP, profondément attristée, a tenu à rendre aux illustres combattants disparus, l’hommage qu’ils méritaient, en participant dignement à leurs obsèques. Nous avons poursuivi le combat pour la libération de notre pays, afin que leurs sacrifices ne soient pas vains »
, lit-on dans sa déclaration.

Selon la DMP, les fraudes ne relèvent pas d’anomalies isolées, mais d’un système structuré pour contrôler les résultats avant même le vote, comme en témoigne le refus d’enrôler sur les listes électorales, tous les togolais en âge de voter. Pour conforter son analyse, elle a énuméré entre autres:

⚫ l’achat de voix a été largement pratiqué, notamment dans les zones rurales, avec des fonds publics utilisés pour influencer les électeurs;

⚫les intimidations et violences ciblées ont empêché des milliers de citoyens, en particulier dans les bastions de l’opposition, de voter librement;

⚫ les bourrages massifs d’urnes à visage découvert ont été pratiqués à large échelle,

⚫la falsification des procès-verbaux, notamment dans des centres clés, a garanti un résultat conforme aux attentes du régime, au mépris des tendances réelles observées sur le terrain

« Ces pratiques ne constituent pas seulement des irrégularités, elles sont la négation du droit de vote, pierre angulaire de toute démocratie. La Cour constitutionnelle, censée être l’arbitre ultime en matière électorale, a une fois encore failli à sa mission. Les recours déposés par l’opposition ont été écartés de manière expéditive, sans examen sérieux ni transparent. La rapidité de la proclamation des résultats après le dépôt des recours, et surtout sans précision concernant le nombre de voix obtenues par chaque candidat, suggère une absence totale de diligence dans l’analyse des preuves soumises. Cette attitude alimente l’idée d’une justice inféodée au regime, vidant de leur sens les mécanismes censés garantir la régularité des scrutins », a-t-elle regretté.

Pour la DMP, les élections du 29 avril 2024 constituent un nouvel affront aux principes démocratiques.

« En maintenant un tel système électoral biaisé, le régime met en péril l’avenir politique et social du pays. Une réforme profonde, incluant une dépolitisation des institutions et une justice électorale indépendante, est indispensable pour restaurer la confiance et éviter une crise majeure. À défaut, le fossé entre le régime et le peuple continuera de se creuser, avec des conséquences potentiellement irréversibles pour la stabilité nationale », a-t-elle fait savoir.

Selon cette entité politique, le Togo a vécu un coup d’État constitutionnel inacceptable.

« Le terme (coup d’État constitutionnel ) souligne la gravité d’un changement illégal et brutal de la Constitution. Ce (coup d’État constitutionnel) nocturne opéré en mars 2024 marque une étape dangereuse dans l’évolution politique du Togo. Il illustre une dynamique préoccupante où des mécanismes anticonstitutionnels et antidémocratiques ont été utilisés pour remodeler l’ordre politique du pays, renforçant ainsi l’autoritarisme au détriment de la souveraineté populaire.
La DMP rappelle avec instance que dans la Constitution promulguée le 6 mai 2024:
• Le Président de la République dont les attributions sont limitées à des tâches honorifiques, ne sera qu’un symbole vide, élu par les députés à l’Assemblée nationale et les sénateurs dont l’élection prochaine sera une étape décisive pour parachever le coup d’Etat constitutionnel;
• Le Président du Conseil des ministres, en revanche détient tous les leviers du pouvoir (la direction des affaires publiques, le contrôle des forces armées, la nomination des cadres civils et militaires, et même la possibilité de dissoudre le Parlement), alors qu’il n’est même pas un élu. Cette concentration des pouvoirs équivaut à instaurer un régime autoritaire taillé sur mesure et à vie pour Faure Gnassingbé qui est le chef d’UNIR, le parti majoritaire, donc à instaurer une monarchie au Togo.
La modification unilatérale de la Constitution, sans consultation populaire ni référendum, constitue en elle-même, une violation inacceptable et qui ne peut être sans conséquence, de la souveraineté des Togolais. La suppression du suffrage universel direct pour l’élection présidentielle qu’opère le changement constitutionnel est quand à elle, un recul démocratique majeur, dans la mesure où elle substitue, sans le consentement du peuple qui n’a pas été consulté, la volonté populaire à celle d’une oligarchie, c’est-à-dire d’une classe restreinte et privilégiée composée de l’état-major d’UNIR, des députés majoritaires issus d’élections volées et de sénateurs qui seront eux issus d’élections rejetées par le peuple et l’immense majorité des partis d’opposition.
Le transfert des pleins pouvoirs à un président du Conseil des ministres, à la place d’un président élu directement par le peuple, incarne une dérive institutionnelle. Ce changement favorise la continuité du pouvoir sous Faure Gnassingbé auquel est réservé ce poste en tant que chef du parti UNIR, et légalise ainsi un régime dynastique qui s’oppose aux aspirations démocratiques exprimées par la population togolaise depuis des décennies. Il ne s’agit pas seulement d’un changement technique, mais d’un affaiblissement des mécanismes de contrôle démocratique et de la séparation des pouvoirs »,
peut-on lire dans sa déclaration.

En clair, la DMP continue de dénoncer avec la dernière vigueur le changement constitutionnel.

Plusieurs sujets ont animé le contenu de sa déclaration dont ceux liés à l’économie du Togo sur lesquels nous reviendrons dans nos prochaines publications.

Pour les perspectives pour 2025, la DMP dévoile les grands chantiers.

« Le 13 janvier 2025 marquera le 62 anniversaire de l’assassinat de Sylvanus Olympio, le premier président élu. Il nous rappelle que, depuis lors, le Togo cherche sa voie vers une démocratie authentique et une prospérité partagée.
Le 22 février 2025 marquera également la fin du 4º mandat de cinq ans usurpé après l’élection présidentielle de 2020. Nous n’oublions pas qu’alors que les Togolais commençaient à réclamer leur victoire, l’actuel chef de l’État a prêté serment contre la volonté populaire le 6 mai 2020.
La date du 6 mai 2025 est également celle choisie par le régime des GNASSINGBE pour mettre en place les institutions de la Se République entérinant ainsi leur projet d’instauration d’un régime parlementaire qui n’est rien d’autre qu’une monarchisation du Togo, contre la volonté de la majorité des Togolais.
La DMP tient à rappeler au peuple togolais qu’aucune constitution d’aucun pays du monde n’a été adoptée de la manière dont ce fut le cas dans notre pays le 25 mars 2024. Cette constitution ne doit donc s’imposer à aucun togolais. C’est pour cela, qu’il est nécessaire et impératif de noter que l’année 2025 est une année électorale dans le cadre du respect de l’agenda républicain où les Togolais attendent de choisir eux-mêmes leur nouveau Président de la République au suffrage universel. Faute de donner cette opportunité aux Togolais à cette échéance, il sera légitime et légal de considérer qu’à partir du 6 mai 2025, si le gouvernement actuel n’organise pas le scrutin présidentiel qui devra se tenir 60 jours avant la fin du mandat de l’actuel Président de la République, le Togo rentrera dans une situation de vide institutionnel. Il reviendra alors au peuple de reprendre son pouvoir en toute responsabilité et le confier à qui Il jugera capable de l’assumer en son nom et dans son intérêt »,
a-t-elle déclaré.

La rédaction

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