Le secteur bancaire et assurance au Togo traverse une zone de turbulences

Le dossier SUNU Bank Togo continue de faire grincer les dents. Une situation devenue l’affaire de toute la corporation bancaire et assurance au Togo. En Assemblée générale samedi 22 février, ces acteurs ont manifesté leur indignation. La corporation refuse que leurs confrères de SUNU Bank Togo servent de cobayes.


La filiale SUNU Bank Togo vit une période de crises. Fermeture d’agences, suppression de poste et colère sociale. Aujourd’hui, c’est toute la corporation bancaire et assurance qui se sent visée. Samedi, à l’initiative du Syndicat des employés et cadres des banques des établissements financiers et des assurances du Togo (SYNBANK) et de ses partenaires syndicales, les acteurs du secteur ont tenu une Assemblée Générale. Objectif affiché, faire un compte rendu des discussions sur le dossier SUNU Bank Togo que l’employeur souhaite utiliser pour ne pas améliorer les conditions de vie et de travail de la corporation.
« Nous nous sommes réunis pour faire un compte rendu sur le dossier SUNU bank Togo. Il en découle que le motif retenu par l’employeur n’est pas valable. Nous avions pu démontrer que le chiffre d’affaires en cas de licenciement comme motif économique devrait baiser significativement alors que le produit net bancaire au niveau de SUNU bank a croit régulièrement sur la période. L’employeur a parlé des charges d’exploitation. Nous avons constaté qu’à partir de 2020 jusqu’à 2023, le résultat d’exploitation a régulièrement augmenté. Sur cette base, pour nous, le motif retenu par l’employeur pour appliquer une suppression de poste n’est pas valable. C’est d’ailleurs pour cela qu’il y a eu désaccord lors des discussions à l’inspection du travail. Au niveau de la législation nationale, lorsqu’il y a désaccord il doit y avoir des mécanismes. Nous avons renvoyé les parties à utiliser ce mécanisme. Au cas contraire, la législation à pour prérogative d’utiliser les créneaux de la résolution bancaire pour affronter le problème dans l’institution », a expliqué Awula Yati BABA, Secrétaire général SYNBANK.

En rappel, le 3 février 2025, la Direction générale de SUNU Bank Togo a officiellement transmis aux représentants syndicaux et à l’inspection du travail, une lettre actant un plan de réorganisation. Notamment la fermeture de sept agences et cash-points jugés non rentable, la suppression de postes et la fusion d’activités et redistribution des effectifs.
Des justifications rejetées en bloc par les organisations syndicales. Pour elles, on ne peut parler de licenciement pour motif économique lorsque le chiffre d’affaires d’une entreprise diminue significativement ou des facteurs externes ne lui permettent pas de maintenir le rythme de sa pleine productivité.
« Dans le cas de SUNU Bank Togo, le chiffre d’affaires qui est l’équivalent du produit net bancaire (PNB) augmente significativement d’une année à l’autre. Le résultat d’exploitation s’est amélioré de 2020 à 2023, ce qui témoigne que ce ne sont pas les charges d’exploitation qui constituent la cause de la performance de la Banque. Les autres charges d’exploitation augmentent dans les proportions plus importantes que la masse salariale sur la période concernée 2018 à 2023, mais l’employeur n’est pas préoccupê par cette augmentation des autres charges d’exploitation. Dans les autres charges d’exploitation, il existe des dotations aux amortissements. Les proportions n’ont pas été mentionnées mais l’employeur signale qu’il fait des investissements importants pour moderniser l’outil d’exploitation. A cette étape de la problématique de la rentabilité de la Banque, on pourrait se poser des questions sur la nature, le choix stratégique et les résultats générés par ces investissements », lit-on dans leur déclaration.


En clair, les organisations syndicales bancaires et assurances n’épousent pas la démarche des premiers responsables de SUNU Bank Togo et en font une affaire personnelle. Elles trouvent sévère la décision de l’employeur.
« Parlant de réorganisation,
à notre compréhension de la législation nationale, c’est une réorientation de l’activité de l’entreprise d’une entreprise en difficulté.
Pour les Banques les activités sont prédéfinies par la Commission Bancaire de l’UMOA et cas de création d’un produit, celui-ci est soumis à l’autorisation du régulateur avant sa commercialisation. Alors, le changement d’un organigramme ne saurait être utilisé comme motif de licenciement pour motif économique car un nouvel organigramme n’est pas une réorganisation.
Parlant de la diminution des effectifs dans les directions et services, dans son rapport motivé l’employeur affirme que les évaluations réalisées entre 2018 à 2023 ne sont pas objectives et non orientées vers la performance.
Vous convenez avec nous qu’il s’agit des choix arbitraires qui ont été opérés. A la liste de départ ce sont 105 travailleurs qui étaient concernés, à la sortie c’est 70 travailleurs qui ont été annoncés. Pour les représentants des travailleurs, la convention collective prescrit qu’aucun représentant des travailleurs ne peut figurer sur la liste en cas de licenciement pour motif économique », ont-elles précisé.
Avec le dossier de SUNU Bank Togo, toute la corporation bancaire et assurance au Togo se sent menacée. Les acteurs dénoncent la gabegie et le pillage dans leur secteur.
La base continue de faire pression pour une grève afin de démontrer son mécontentement et décourager le projet des responsables de SUNU Bank Togo. Quand au SYNBANK et les organisations syndicales partenaires, elles attendent le dénouement de cette affaire avant de voir la conduite à suivre.
Affaire à suivre