Crise politique au Togo: Des OSC et ODDH poussent des cris de douleur face au libre cour laissé à la répression sauvage, brutale et meurtrière

Le Togo vit des heures sombres, ont-elles alerté ce dimanche 29 juin 2025 face à la presse nationale et internationale.
Pour ces entités, une fois de plus, le Togo a basculé dans l’horreur avec la répression violente et brutale exercée sur des citoyens innocents, sortis les mains nues pour faire entendre leur voix dans le cadre des manifestations des 26, 27 et 28 juin initiées par la jeunesse togolaise pour réclamer plus de liberté, de dignité et de justice sociale.
En conférence de presse dimanche 29 juin 2025, à Lomé, des OSC et ODDH se sont insurgées contre les exactions commises par des éléments des forces de l’ordre et des miliciens lors des manifestations des 26, 27 et 28 juin 2025 au Togo.
Pour elles, ce qui s’est passé durant ces trois jours restera à jamais gravé dans la mémoire collective comme un moment de douleur profonde, d’indignation et de barbarie.
« De quoi parlons-nous en réalité ? Nous parlons de jeunes citoyennes et citoyens, exerçant leur droit légitime à manifester, pacifiquement, à mains nues. Ils n’ont visé aucun édifice public, ils n’ont détruit aucun bien ni exercé aucune menace sur des personnes.
Pourtant, ils ont été l’objet d’une répression ahurissante. Les images partagées sur les réseaux sociaux sont par moments insoutenables. Des éléments des forces de l’ordre et de sécurité, censées assurer la protection des personnes et la préservation de l’ordre public, en complicité avec des nervis, des sinistres individus sans foi ni loi, à la solde du pouvoir, ont laissé libre cours à une répression sauvage, brutale, et meurtrière plutôt que d’agir en professionnel du maintien de l’ordre public », lit-on dans leur déclaration.

Pour ces OSC et ODDH, les exactions sont nombreuses et s’apparentent à des traitements dégradants et inhumains:
« Bastonnades aveugles et cruelles à coups de matraques et de cordelettes, répétés indéfiniment sur différentes parties du corps pour susciter de réels traumatismes Arrestations arbitraires de passants, de jeunes et de personnes âgées sortis pour acheter à manger, bref de personnes s’étant trouvées au mauvais endroit, au mauvais moment Courses poursuites et harcèlement de jeunes, parfois d’enfants, obligés de se refugier dans la lagune pour échapper à la furie meurtrière, avec le risque de se noyer Violations des domiciles dans lesquels des éléments des forces de l’ordre ont fait irruption pour frapper sans discernement, dérober des téléphones portables et autres biens, et détruire ce qui pouvait l’être, parfois dans des zones où il n’y avait pas de manifestations Destructions de biens personnels comme des motos arrachées à des passants avant d’être vandalisées ou même incendiées, par pure méchanceté », ont-elles illustré.

Les organisations de la société civile et les organisations de défense des droits humains dénoncent avec la plus grande fermeté ces abus et les traitements inhumains et dégradants infligés à la population et à des manifestants sans défense.
« Le drame a pris une dimension encore plus inhumaine avec l’annonce de découverte de corps sans vie dont des enfants. Une fois encore, la terre du Togo s’est abreuvée du sang innocent, celui de nos enfants. Une fois de trop », ont-elles déploré.
Occasion pour ces entités de faire un bilan de ces trois jours de manifestations.
« Comment comprendre qu’on puisse encore dénombrer des morts ?
Deux corps sans vie furent repêchés dans le 4º lac d’Akodessewa dans la matinée du 27. Ils ont été identifiés par leur frère et la famille a procédé à leur enterrement au Bénin. Il s’agit de deux frères âgés de 22 et 25 ans revenant d’une soirée dans la nuit du 25 au 26. Nous contestons vivement la version officielle qui parle d’un constat effectué en présence des éléments de la brigade assistés d’un professionnel de la santé et concluant en des décès par noyade. La justice n’a jamais demandé une autopsie.
-Trois corps ont été repêchés dans la lagune de Bè dans l’après-midi du 27. Manifestement avec des impacts de balle, au vu des lésions observées et des témoignages des riverains qui ont fait état de coups de feu. Parmi eux un jeune de 16 ans, qui venait de passer le BEPC. La famille est inconsolable, le papa en sanglot a dit (tous mes espoirs reposaient sur mon fils allongé sans vie). La famille a décidé de procéder à son enterrement immédiat suivant des rites traditionnels. Un autre corps appartenant à un enfant d’environ une douzaine d’année n’a pas encore été identifié. Le 3º corps est celui du gardien des latrines publiques du quartier qui s’était jeté à l’eau pour secourir un enfant blessé et qui a malheureusement été pris pour cible par des éléments présents sur les lieux.
-Deux corps sans vie ont été repêchés dans la journée du 28 dans la lagune de Nyekonakpoé », lit-on dans la déclaration.
« Ces assassins ont frappé sans ménagement, tué sans discernement » ont poussé de douleur ces OSC et ODDH.

« Dans leur furie meurtrière, ils ont laissé derrière eux des dizaines de blessés dont un avec une fracture du genou qui nécessite une opération chirurgicale, un autre avec un traumatisme facial grave, un autre avec une fracture du poignet et plusieurs autres blessés qui pour la plupart craignent de se rendre dans des centres de soins au risque d’être interpellés par ces éléments en furie. Plus de soixante personnes furent interpellées, c’est un bilan partiel. Des dizaines de personnes gardées sur le site de Togo 2000 ont été relâchées dans la nuit du 26 au 27.
Dans leur rage destructrice, ils s’en sont même pris à des centres de soins. A l’hôpital de Bè ils ont incendié une ambulance et interpellé monsieur EBOAHUN Kokou Raphaêl, surveillant de la pharmacie et porte-parole du collège des délégués du personnel de l’Hôpital, accusé d’avoir pris des images des forces de l’ordre. Au CMS d’Adakpamé, leur furie a failli coûter la vie à un nouveau-né, n’eut-été l’intervention prompte d’une sage-femme », déplorent ces entités.

Aussi, ces OSC et ODDH regrettent le mutisme de la justice qui pour l’heure n’a procédé à aucune interpellation, ni demandé d’autopsie.
« Il est temps de rentrer en désobéissance contre un pouvoir, qui croit que gouverner c’est opprimer et que le peuple est soumis à la volonté du souverain », ont-elles lancé.
Les OSC et ODDH interpellent le gouvernement et particulièrement le président du conseil des ministres et exigent:
- La vérité et la justice pour les victimes;
- La fin immédiate des violences d’État et de l’impunité qui nuisent à la paix et à la cohésion sociale et qui risquent d’engager notre nation sur un chemin chaotique;
- La libération sans conditions de toutes les personnes arrêtées ;
- Le respect du droit de manifester qui est un droit constitutionnel que les Togolais se sont librement donné
- Une enquête internationale indépendante pour faire la lumière sur ces crimes et traduire les responsables devant la justice.
« Face à l’histoire et compte tenu de la répétition de ces crimes d’État, nous demandons au peuple de se mobiliser. Il doit se tenir prêt à agir, pacifiquement mais résolument, pour mettre définitivement un terme à la dictature au Togo et reconstruire une nation de paix », ont-elles conclu.
La rédaction