Togo: Que doit-on retenir de cette disparition du Prélat ? S’interroge la DMP
Pour sa mémoire, la lutte doit être finalisée, lance la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP).
Vibrants hommages à Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO.
Pour sa mémoire, la lutte doit être finalisée.
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Chers militants et sympathisants de la DMP,
Nous vous saluons très chaleureusement en ce début de l’année 2024 et saisissons l’occasion de ce premier rendez-vous avec la presse pour vous présenter nos meilleurs vœux de bonne santé, de paix et de joie à vous-mêmes et à vos proches.
L’année 2024 constitue pour nous une année de grands enjeux à affronter et de défis majeurs à relever. Il s’agit en effet de l’année où deux importants scrutins sont programmés pour se dérouler de façon couplée pour la première fois mais aussi et surtout c’est une année où les citoyens Togolais doivent affirmer leur refus de la conservation du pouvoir d’Etat par une seule famille depuis plus de 60 ans. Ce combat est celui auquel le peuple s’est livré une fois encore le 22 février 2020 sans pouvoir l’achever jusqu’à ce jour.
La DMP, qui poursuit ce combat pour concrétiser l’alternance déposée dans les urnes en 2020, s’apprêtait à annoncer au peuple ce mercredi 10 Janvier 2024 sa décision d’appeler à une marche de protestation le 27 Janvier 2024, lorsque malheureusement, Monseigneur KPODZRO, le principal acteur des événements du 22 février 2020 s’est éteint hier, alors qu’il a toujours déclaré qu’il verra l’alternance de ses yeux avant de s’en aller.
Face à cette nouvelle affligeante, il convient, toute activité cessante, de rendre d’abord un hommage mérité à celui qui est devenu le patriarche de tous les togolais en lutte pour la démocratie et la libération du Togo de l’oppression.
1) Hommage à Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO
Ce 9 janvier 2024, la nouvelle de la disparition de notre Patriarche, Monseigneur Philippe Fanoko
KPODZRO s’est répandue comme une charge virale, apportant ses lots de sentiments de choc, de tristesse et de douleur.
Approchant les 94 ans de vie et jouissant de son sacerdoce consacré depuis 1959 ainsi que de son ministère apostolique accompli en toute conscience, l’Archevêque émérite de Lomé a montré tout son amour pour le Togo et pour les togolais. Connu de la majeure partie des togolaises et des togolais lors de la conférence nationale souveraine qu’il a conduite en toute responsabilité à la demande des acteurs politiques de l’époque, Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO s’est montré un personnage très courageux et déterminé à inspirer aux gouvernants Togolais des valeurs humaines et vertueuses qui doivent guider leurs actes et leurs initiatives politiques. Il s’est ainsi très tôt révélé comme un personnage intrépide et intraitable quant au respect des droits humains, à l’exigence de la vérité des urnes et d’une gouvernance vertueuse de l’Etat au service des citoyens.
Évidemment, cette posture lui a valu des sacrifices énormes et de nombreuses persécutions qu’il a lui-même racontés dans un mémoire laissé à la génération présente et future. Pour avoir réussi à déjouer le plan ourdi par le système RPT / Unir pour conserver le pouvoir ad vitam aeternam, les tenants du régime ont organisé son humiliation après l’élection présidentielle de 2020. En effet, du haut de ses 90 ans, le Patriarche Monseigneur KPODZRO avait parcouru tout le Togo en compagnie du candidat soutenu par lui lors de cette élection. Sa présence dans cette campagne électorale a fait soulever le peuple togolais qui était sorti massivement s’exprimer en faveur de l’alternance à la tête de l’Etat. Suite à cette prouesse, le gouvernement de Faure Gnassingbé qui s’est réinstallé par la violence et suite à de multiples coups de force en toute illégitimité le poussera en exil où il est resté depuis 3 ans.
Le Patriarche de la Nation est mort en exil les armes à la main. Il est tombé au champ d’honneur, nonobstant les nombreux appels notamment ceux de la DMP, adressés au régime RPT / Unir pour aider à inventer les moyens appropriés pour son retour sain et sauf afin qu’il vienne rendre l’âme au Togo sur la terre de nos ancêtres communs.
Peine perdue! Et pourtant le chef de l’Etat se vante d’être un grand faiseur de paix à travers l’Afrique et un médiateur hors paire qui ramène les prisonniers des autres pays chez eux. Pourquoi est-il si difficile pour lui d’avoir un regard de compassion pour ses propres concitoyens, allant jusqu’à les laisser mourir en exil ?
Que doit-on retenir de cette disparition du Prélat ? Le décès du Prélat pourrait bien être considéré comme étant dans l’ordre normal des choses mais le contexte et les conditions dans lesquels cela s’est passé en font un grave et bouleversant événement dans la vie politique de notre pays.
Doit-on conclure que le régime RPT / Unir est décidé à laisser mourir des valeureux fils et filles du Togo en exil ?
Il y a lieu de rappeler qu’avant Monseigneur KPODZRO, le compatriote feu Bertin AGBA lui aussi décédé en exil n’a pu être enterré dans son Togo natal. A qui le tour parmi les nombreux Togolais contraints à l’exil pourrait-on se demander ?
Le sacrifice consenti par le patriarche mort en martyr ne doit en aucun cas être inutile. Il doit créer un sursaut pour le rassemblement et la remobilisation de tous les fils et filles épris de liberté et de toutes les forces du changement en vue de continuer le combat pour l’alternance et la libération du Togo de toute oppression. Le départ de notre patriarche vers le Père doit être une opportunité pour tous les togolais de comprendre le sens élevé de son combat et de son engagement pour la cause du Togo. Monseigneur KPODZRO doit être aussi une source d’inspiration pour la jeunesse et tous ceux qui se sentent lassés par cette longue et épuisante lutte contre les impérialistes et leurs valets locaux qui pillent nos ressources naturelles et déshumanisent impunément les Togolais.
La DMP salue la mémoire du Patriarche Monseigneur Philippe Fanoko KPODZRO, son courage et son patriotisme légendaires et lui réaffirme son engagement à poursuivre le combat à sa suite pour aider à promouvoir la nouvelle indépendance et la souveraineté de notre pays dans le respect de ses vœux qui nous restent si chers.
La DMP en appelle à tout le peuple Togolais et surtout aux forces politiques dans le pays afin qu’elles se surpassent et se départissent de toute polémique inutile et saisissent l’opportunité de ce deuil qui nous frappe pour nous entendre sur l’essentiel et délivrer ensemble notre pays le Togo.
2) Face à la gravité de la situation qui prévaut dans notre pays, il est temps de manifester notre
mécontentement et de dire non !
Le 31 décembre 2023, soit quelques jours avant le décès du Patriarche, le mandat de l’actuelle Assemblée Nationale est arrivé à terme conformément aux dispositions de l’alinéa 1 de l’article 52 de la Constitution du Togo.
Dans un communiqué rendu public le 25 novembre 2023, le gouvernement après son conseil des ministres a annoncé que le Chef de l’Etat l’a instruit de prendre sans tarder toutes les mesures pour permettre l’organisation des prochaines élections au plus tard à la fin du premier trimestre de l’année 2024 tout en tenant compte de la persistance des défis sécuritaires pour garantir à tous -candidats, électeurs et citoyens la sécurité nécessaire sur toute l’étendue du territoire national.
Le Chef de l’Etat et son gouvernement auraient dû prendre plus tôt cette responsabilité pour peu qu’ils aient un minimum d’égard pour les populations dont la tâche citoyenne est de les élire. La précipitation qui s’observe aujourd’hui dans la conduite du processus électoral et qui se dégage du communiqué du conseil des ministres du 18 décembre 2023 avec l’adoption de plusieurs projets de lois devant régir les prochaines élections nous révèle que le gouvernement s’est réveillé de son sommeil et veut courir en violant les étapes.
En effet, du moment où le Chef de l’Etat et le gouvernement n’ont pas su exercer leurs prérogatives pour organiser dans le délai prescrit par l’alinéa 2 de l’article 52 et qu’ils ne peuvent justifier d’aucun cas de force majeure les en ayant empêchés, ils rendent inopérante le dernier alinéa de l’article 52 qui préconise que les députés sortants restent en place jusqu’à la prise de fonction des nouveaux députés élus. Cet alinéa ajouté au premier du même article sont destinés à préserver la continuité de l’Etat en situation
exceptionnelle. En ne respectant pas de manière délibérée le délai prescrit pour la tenue des élections, le régime a créé une situation de vide constitutionnel et de rupture dans le fonctionnement d’une institution
aussi importante que l’Assemblée Nationale. Il devient alors impératif et indispensable que ce soit par un compromis politique que le problème ainsi créé puisse être réglé, notamment la conduite du processus électoral en cours.
En tout état de cause, toutes les forces politiques désireuses de l’alternance et de la défense des droits des citoyens doivent comprendre cette situation créée par le régime RPT Unir et défendre les intérêts des togolais qui sont le respect de la constitution et l’arrêt de toute tentative de nouveau coup de force constitutionnel. Le peuple Togolais ne doit pas oublier que lors de la transition politique qui avait suivi la conférence nationale souveraine, le RPT avait évoqué le vide constitutionnel pour exiger des compromis politiques qui ont abouti à la dissolution du premier gouvernement de Maitre Joseph Kokou KOFFIGO.
Les mêmes causes devant produire les mêmes effets, la DMP demande au Chef de l’Etat qui seul détient encore une certaine légalité d’appeler à des assises pour rechercher un compromis politique avec la classe politique, de libérer les détenus politique et d’appeler au retour des exilés politiques en toute sécurité en vue de l’apaisement dans notre pays, préalablement à l’organisation des élections en vue.
La DMP saisit cette occasion pour féliciter les organisations de la société civile qui ont expliqué dans leur dernier communiqué du 3 janvier 2024, la problématique liée au vide constitutionnel avec les conséquences qui s’imposent.
La DMP note que le gouvernement a créé ce nouveau problème lié à l’expiration du mandat de l’Assemblée Nationale dans un contexte où tous les togolais pénalisés par la gouvernance du pays doivent faire face à la vie chère en constatant dans le même temps que les ressources du pays sont dilapidés tels que le révèlent les affaires des fonds COVID-19 et PETROLEGATE. Les togolais sont mécontents et insécurisés par les nombreuses violations des droits de l’homme attestées par l’emprisonnement de plus d’une centaine des togolais pour leur opinion politique, alors que plus de 120 enseignants syndicalistes sont renvoyés de leur fonction. Que dire des incendies des marchés ayant leurs sources dans des actes criminels ou la négligence des responsables des marchés ?
C’est pour dire non à toutes ces situations qui montrent que notre pays le Togo va mal que la DMP a adressé un courrier au gouvernement le 4 janvier dernier l’informant de l’organisation d’une grande marche pacifique le 27 janvier 2024 à partir de 10 h pour protester contre :
1) La prorogation illégale et de fait du mandat des députés de l’actuelle Assemblée Nationale
2) la violation de l’article 52 de notre constitution
3) Le maintien de la CENI illégale
4) Le maintien de la Cour Constitutionnelle incomplète et partiale
5) Le découpage électoral actuel inique et non équitable
6) Le refus d’inscrire une partie des populations sur les listes électorales
7) Le licenciement abusif des 120 enseignants syndiqués
8) Les incendies répétitifs des marchés du Togo avec leurs lots de misères qu’on impose aux commerçants en général et aux femmes togolaises en particulier.
9) Le pétrolegate et le Covidgate
10) La vie chère.
Les principales revendications pour la marche pacifique sont les suivantes :
1) Le rapatriement du corps du Patriarche au Togo et son enterrement dans la dignité.
2) Le retour de tous les exilés politiques au Togo
3) La libération de tous les prisonniers politiques
4) L’ouverture des discussions franches et sincères devant aboutir à des compromis politiques pour la refondation de notre République.
La DMP invite les populations togolaises, hommes, femmes, jeunes et vieux de toutes les couches sociales, les organisations de la société civile ainsi que toute la classe politique désireuse du changement à la mobilisation pour dire non et enfin sauver la république qui est en danger.
L’itinéraire prévu pour la marche est le suivant : Rond point Bè gakpoto – Boulevard Malfakassa – Face Eglise des Assemblées de Dieu de Bè-kpota.
Fait à Lomé le 10 janvier 2024,
La Conférence des Présidents