Togo/ Inculpation de trois journalistes: Le PPT craint le retour aux heures sombres de la presse

Appliquer aux journalistes critiques du pouvoir le Code pénal, en vue de faciliter leur détention, est une mauvaise option qui jette du discrédit sur le gouvernement de Faure Gnassingbé, rappelle le Patronat de la Presse Togolaise. L’organisation appelle à le relecture des articles 3 (alinéa 2) et 5 (relatif à la presse en ligne). Elle invite également les journalistes et organisations professionnelles à rester mobiliser pour faire libérer les deux journalistes.

DECLARATION DU PATRONAT DE LA PRESSE TOGOLAISE
Le journalisme est en danger au Togo
Le PPT demande la libération immédiate de deux journalistes en détention
Le Patronat de la Presse Togolaise (PPT) condamne vigoureusement l’inculpation de trois journalistes dont deux sont placés en détention, pour des opinions exprimées dans une émission consacrée à la décision des autorités de conditionner l’accès aux lieux de culte à la présentation du pass vaccinal ou d’un test PCR négatif.
Ferdinand AYITÉ, Directeur de Publication du Bi-Hebdomadaire « L’Alternative » et Joël EGAH, Directeur de Publication de l’Hebdomadaire « Fraternité » sont placés sous mandat de dépôt depuis le 10 décembre 2021, tandis que le confrère Isidore KOUWONOU, Rédacteur en chef du journal « L’Alternative » est sous contrôle judiciaire.

En effet, lors de l’émission débat « L’autre journal » sur la chaîne YouTube « L’Alternative TV », les confrères ont critiqué la posture de certains membres du gouvernement, notamment les sieurs Pius AGBETOMEY et Kodjo ADEDZÉ qui sont à la fois ministres et pasteurs.

Les chefs d’accusation retenus contre les journalistes sont entre autres « outrage à l’autorité, diffamation et incitation à la haine de l’autorité ».

Le PPT déclare que les griefs portés contre les journalistes dans l’exercice de leur profession doivent être appréciés au regard des dispositions du Code de la presse et non du Code pénal. Car, s’obstiner à appliquer aux journalistes critiques du pouvoir le Code pénal, en vue de faciliter leur détention, fait craindre un retour aux heures les plus sombres de la presse togolaise, qui a pourtant fait de la dépénalisation des délits de presse son cheval de bataille depuis 2004.

Les raccourcis juridiques et l’empressement avec lequel les journalistes sont arrêtés ces derniers temps dans notre pays sont de nature à favoriser un retour inquiétant de l’autocensure dans les médias et jettent par-dessus tout, du discrédit sur le gouvernement du président Faure Gnassingbé.

L’inculpation des trois journalistes et la détention de deux d’entre eux marquent une triste fin d’année pour la presse togolaise à l’instar de la précédente, qui a tristement été couronnée par le retrait du récépissé à l’hebdomadaire « L’Indépendant Express », dont le Directeur de publication, Carlos KÉTOHOU, a été victime d’une rocambolesque arrestation par des éléments du Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC) puis gardé à vue pendant plusieurs jours.

Le PPT appelle à la relecture des articles 3 (alinéa 2) et 5 (relatif à la presse en ligne) qui créent des conditions pour pénaliser l’usage par des journalistes des nouveaux supports médiatiques tels que les blogs, Facebook, Twitter et YouTube. Ces supports ne doivent pas être des goulots d’étranglement de la presse, mais plutôt des outils de travail et une extension des médias traditionnels.

Le PPT invite les journalistes et les organisations professionnelles à rester mobilisés pour obtenir la libération de Ferdinand AYITÉ et de Joël EGAH, afin qu’ils puissent célébrer les fêtes de fin d’année aux côtés de leurs familles. Il invite le gouvernement et le pouvoir judiciaire à faire une lecture juste de cette affaire pour qu’il en soit ainsi.

Fait à Lomé, le 11 décembre 2021
Le Président du PPT
Isidore Sassou AKOLLOR

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