Projet de soutien des activités économiques des groupements (PSAEG) / Groupes d’épargne (GE): Mme Loukmane Awa, un modèle de fidélité

Depuis 2009, l’Agence nationale d’appui au développement à la base (ANADEB) met en œuvre un projet de soutien des activités économiques des groupements (PSAEG) à l’intention de la population togolaise et prioritairement à celle des femmes. L’initiative qui a débuté timidement dans les quartiers de Lomé est en train de devenir un véritable mécanisme de mobilisation communautaire.

En ce mois d’Octobre 2023, l’ANADEB compte 561 groupes d’épargne avec 13 250 membres. De Janvier à ce jour, les membres des GE ont épargné en tout 355 305 943 F CFA ; une somme à laquelle s’ajoutera les intérêts issus des prêts octroyés, et qui sera partagée entre les membres des différents groupes à la fin de leurs cycles respectifs.

Sur la place du centre communautaire ombragée du village de Takpamba-Centre, commune de l’Oti-Sud 2, le 30 septembre dernier, une grande assistance s’est mobilisée pour suivre un partage de gains organisé par 5 groupes d’épargnes composés majoritairement des femmes engagées dans les activités d’épargne et de crédit villageois.

Les 5 groupes de Takpamba ont, en 52 semaines, mobilisé 11.457.573 FCFA de francs qui allaient être répartis entre 126 membres. Une des plus heureuses du jour était Mme Loukmane AWA, 46 ans, veuve depuis 09 ans et mère de 6 enfants, avec encore 5 à sa charge. La valeur de la part d’épargne fixée dans son groupe, le groupe Lafiè-Ti-Kpien qui fait sa première année de preuve était de 300F. Elle a pu cotiser en tout 135.000F, et a reçu au partage des gains soit un bénéfice de 16.000F sur sa propre cotisation.

L’ensemble des prêts qu’elle a contractés s’élève à 100.000F, une somme qu’elle a utilisée pour acheter et stocker puis revendre des céréales dans les marchés de son village et aux environs : « J’ai en économie 76.000F dérivés des bénéfices des ventes. Mais ce que j’ai dépensé au quotidien sur ces mêmes bénéfices, je ne l’ai pas vraiment comptabilisé. Tout ce que je puis dire, c’est que j’ai nourri et vêtu mes 5 enfants, assuré les frais de scolarité et de fournitures de ceux qui vont à l’école. J’ai remboursé la somme empruntée ainsi que les intérêts au groupe ».

« Cette activité des femmes bénéficie à nos familles, et nous, époux, tirons profit également ; elles nous épargnent certaines charges ; le repas a meilleur goût, et nos femmes sont plus épanouies. Nous aussi les hommes sommes intéressés à former des groupes, et demandons à l’ANADEB de nous accompagner » a souligné M. Ahoufo Zafirou, mari d’un membre du GE Ayidetcho.

Les groupes d’épargne sont des structures autogérées par les membres eux-mêmes

Les groupes d’épargne et de crédit sont des structures autogérées sous forme de tontine améliorée. Les membres se retrouvent à 15 ou 25 personnes, liées par affinité, et de façon autonome. Elles cotisent et gèrent leurs fonds entre elles, des fonds constitués grâce à une épargne de sommes modiques chaque semaine.

Les femmes s’accordent sur les parts à cotiser qui sont de 200F CFA en général avec un plafond de 5 parts tout au plus par semaine, ceci pour éviter les grandes disparités.
Au bout d’un mois de cotisation, commence l’octroi de crédits à celles qui en ont besoin ; les candidates aux prêts peuvent disposer d’un maximum de 3 fois le montant de leur épargne, remboursable après un mois, avec un intérêt de 5%.

Parallèlement à l’épargne, elles tiennent aussi une caisse de solidarité qu’elles ravitaillent par semaine, avec une somme convenue pour se soutenir mutuellement en cas d’évènements heureux ou malheureux. A la fin d’un cycle de 52 semaines défini par le groupe, chacune reçoit le montant total de ses parts cotisées, auxquelles s’ajoutent les bénéfices générés par les prêts et les amandes répartis en fonction des parts achetés au cours du cycle.

Cette procédure maîtrisée par les femmes fait partie d’un package de 07 modules enseignés par les Agents d’appui au développement à la base (AADB) qui ensuite assistent les membres tout au long de la mise en œuvre.
Avec ces prêts contractés, les femmes mènent des activités génératrices de revenus ; certaines arrivent à faire des économies à partir de leurs activités, en attendant le partage des gains qui intervient à la fin du cycle. Cela a créé un engouement véritable pour les groupes d’épargne et de crédit qui continuent de s’accroître chaque année.

À ce jour, la région des Savanes évolue avec 145 GE composés de 3886 membres dont 3 595 femmes qui mobilisent au total 95 887 235 francs CFA avec 83 573 075 francs CFA de prêts en cours.

Source:
ANADEB

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