Fichier électoral: L’OIF fait partie du problème, selon la DMP
Ce mercredi 22 novembre, la Dynamique pour la majorité du peuple (DMP) a réagi sur l’annonce de l’audit du fichier électoral par des experts de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en prévision des élections législatives et régionales. La DMP dénonce tous les travers du pouvoir contre la constitution togolaise. Selon elle, le gouvernement a l’obligation d’organiser les élections législatives le 30 novembre prochain.
Lors d’un point de presse, l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), la Commission Électorale Nationale Indépendante a rendu public les conclusions du rapport de l’audit du fichier électoral qu’elle aurait commandité auprès de l’OIF.
Pour la DMP, cette nouvelle est d’autant plus surprenante et surréaliste qu’elle intervient dans un contexte national où le processus électoral conduit et instrumentalisé par le régime semble bloqué, avec la conséquence grave que le mandat de l’assemblée Nationale Togolaise va expirer le 31 décembre 2023 sans que le pays n’ait été capable d’organiser des élections permettant au peuple togolais de choisir ses nouveaux représentants. C’est ce que ce regroupement a fait savoir à la presse mercredi.
« La DMP a-t-elle d’abord résolu d’aller à la rencontre de l’OIF pour comprendre davantage de quoi il est question. A sa demande, une délégation a donc été reçue le lundi 20 novembre par Madame Thi Hoang Mai TRAN, Représentante de l’OIF pour l’Afrique de l’Ouest, accompagnée de deux (02) de ses collaborateurs. La Représentante de la Francophonie a donné à la délégation conduite par Mme Kafui ADJAMAGBO JOHNSON la coordinatrice générale de la DMP, des précisions sur la genèse de cette mission et sa conduite jusqu’à la conclusion délivrée dans le point de presse du week-end dernier. Les points suivants ressortis de la conférence de presse des experts ont été confirmés par la Représentante de l’OIF :
• Sur la base de la Déclaration de Bamako de 2000, qui encadre désormais les actions de l’OIF en matière électorale, l’OIF a été sollicitée par le gouvernement pour procéder à l’audit du fichier électoral obtenu à l’issue du recensement électoral qui s’est déroulé du 29 Avril au 14 juin 2023.
• La représentation régionale de la Francophonie a saisi la Secrétaire Générale à Paris qui a dépêché la mission d’audit des experts qui ont séjourné au Togo du 20 au 27 octobre.
• Selon les dires de la Représentante de l’OIF, cette équipe d’experts de la Francophonie a travaillé avec une commission mixte composée des membres de la CENI à savoir, les représentants du parti majoritaire à l’Assemblée nationale, les représentants des partis de l’opposition parlementaire, les représentants des partis de l’opposition extra-parlementaires et les représentants de la société civile au sein de la CENI.
• La mission des experts de l’OIF est composée d’un Chef de mission, d’un Expert en informatique, d’un Expert juriste et d’un Expert Statisticien démographe.
• La Représentante a repris les conclusions du rapport d’audit quant à la fiabilité du fichier électoral audité, et recommandé à la délégation de s’adresser à la CENI pour avoir plus de précision sur la composition de la commission mixte qui a suivi les travaux d’audit affirmant que son bureau n’a eu qu’un rôle d’assistance logistique à la mission des experts.
• Elle a insisté sur la transparence, l’inclusivité de la démarche de la mission, son indépendance et son impartialité », lit-on dans sa déclaration.
Indignée par ce qu’elle a entendu, la DMP dit avoir indiqué à l’OIF qu’on ne peut pas parler de la transparence d’une mission d’audit de fichier électoral qui en début de mission n’a daigné informer ni les parties prenantes ni les populations auxquelles est venue faire dans le pays.
« la DMP a affirmé qu’alors que l’OIF n’en n’est pas à sa première mission d’audit au Togo, on ne peut comprendre qu’elle ait choisi de travailler dans la clandestinité et l’opacité contrairement à sa mission ayant précédé les élections présidentielles de 2015. Si la mission avait été transparente et inclusive, la DMP, partie prenante au processus aurait informé les experts sur des éléments de contexte suivant qui leur aurait permis d’apprécier l’environnement dans lequel se déroule l’audit : – La CENI qui conduit le processus électoral et qui a donc établi le fichier est, elle -même, illégale depuis mars 2023 ;- Le recensement électoral ayant permis de constituer le fichier électoral a été lui-même entaché de nombreuses irrégularités et imperfections reconnues par le gouvernement lui-même et s’est terminé sur un conflit provenant du fait que la CENI a arbitrairement refusé d’inscrire des milliers de Togolais en attente dans les files au moment où elle a décidé d’arrêter les enregistrements en violation des droits constitutionnels des électeurs. Dans certaines localités comme dans la commune de Golfe7, les populations recensées représentent moins de 40% des populations enregistrées lors du 5ème RGPH, ce qui pose un problème par rapport aux normes et standards appliqués en matière de recensement et établissement de fichier électoral. Le refus d’inscription de citoyens réunissant les conditions est intervenu alors que des maires ont organisé illégalement sur la base de témoignages de chefs traditionnels complices des milliers de mineures et étrangers. Ce point fait l’objet d’un procès pendant auprès de la Cour de Justice de la CEDEAO qui a été saisie par la DMP ; Au vu de tous ces éléments connus de tous les Togolais, la DMP a dit à l’OIF qu’on ne peut donc pas conclure que le fichier électoral obtenu des derniers recensements est fiable et a considéré que l’OIF , en acceptant de procéder à l’audit du fichier dans les conditions oὺ il s’est déroulé, a compliqué le problème contre lequel se battent les togolais qui veulent l’alternance démocratique, qui est celui du refus du régime d’organiser des élections transparentes et démocratiques pour ne pas perdre le pouvoir. Au lieu d’aider à organiser des élections transparentes, l‘OIF a joué le jeu du pouvoir qui, se sachant en difficulté avec une partie de son opposition est allé la chercher pour intervenir en catimini. L’OIF qui au lieu d’aider à résoudre le problème Togolais apparaît comme faisant lui-même partie du problème. Elle portera aux yeux de la DMP et des togolais la responsabilité des développements déplorables éventuels de l’acte qu’elle a posé, à moins qu’elle se ravise », peut-on lire dans la déclaration.
La DMP dit a averti l’OIF de ce que pour elle cet audit du fichier électoral n’est pas fiable et ne peut par conséquent être accepté.
Aucune élection frauduleuse ne sera plus acceptée au Togo. Voilà pourquoi elle continuera à se battre avec les togolais qui dans leur immense majorité sont fatigués de ce régime et de ses manœuvres pour se maintenir au pouvoir, a-t-elle lancé
« Les togolais épris de la volonté de changement et admiratifs des alternances qui se produisent ailleurs continueront de se battre pour que ces changements se produisent chez eux aussi », a-t-elle fait savoir.
Devant la presse, Brigitte Adjamagbo et ses alliés ont réitéré leurs exigences pour des élections transparentes et démocratiques à savoir :
-La libération des prisonniers politiques
-Le retour de tous les exilés politiques
-Des réformes urgentes concernant le découpage électoral, la recomposition de la CENI et de la Cour Constitutionnelle, les réformes du cadre électoral.
Toutes ces exigences ont fait l’objet d’un mémorandum que la DMP a remis le 18 octobre 2023 à la mission des Nations Unies au cours de notre dernière rencontre avec la mission dépêchée à Lomé. Le même mémorandum a été remis à l’OIF lors de notre dernière rencontre, a-t-elle rappelé.
« Ce mémorandum sera envoyé à tous les autres partenaires du Togo pour leur permettre d’accompagner véritablement notre pays pour une sortie de crise moins onéreuse », va-t-elle faire savoir.
Le mémorandum sera rendu public à la fin de la conférence de presse de ce mercredi.